Sommeil partagé

La Leche League Internationale soutient le partage du lit parental dans certaines conditions pour les mères qui allaitent (communiqué du 22 mai 2013)

Il est rare que les jeunes mamans arrivent à dormir suffisamment ; la sécurité de l’enfant pendant son sommeil préoccupe la plupart des mères. Les recherches ont montré que la plupart des mères qui allaitent pratiquent un jour ou l’autre le sommeil partagé (« cododo ») parce qu’elles ont besoin de sommeil et que l’allaitement est alors plus facile la nuit. C’est l’occasion pour les différents membres de la famille de découvrir que le partage du lit est agréable et qu’il les rapproche. Ces familles s’inquiètent cependant de la sécurité de leur enfant, surtout quand les médias diffusent largement des messages qui les mettent en garde contre une telle pratique.

Cette inquiétude est actuellement d’actualité après que Carpenter et al. (2013) ont récemment publié leur méta-analyse. Les spécialistes du sommeil du nourrisson qui étudient le comportement normal d’une mère allaitant signalent cependant que l’étude de Carpenter comporte de nombreuses failles ; elle se contente en effet de combiner et de ré-analyser 5 études anciennes au lieu de prendre en compte les nouvelles études (voir référence en bas de page).

Au lieu d’allaiter de nuit dans un lit relativement sûr, une mère à bas risque qui allaite et ne fume pas, mais entend de tels messages contre le sommeil partagé, va sans doute décider de se mettre sur un canapé ou dans un fauteuil vraiment dangereux ; elle exposera ainsi son bébé à un risque nettement plus élevé. Quand les mères doivent se lever pour allaiter la nuit, le sevrage risque d’avoir lieu plus tôt. Or le risque de Mort Subite du Nourrisson (MSN) est plus élevé chez les bébés non allaités.

Le sommeil partagé présente moins de risque chez les mères qui allaitent parce que celle-ci sont plus attentives aux mouvements et aux besoins de leur bébé. Elles ont tendance à former une enveloppe protectrice autour de leur enfant. Leur bébé cherche par ailleurs le sein plutôt que de s’enfouir dans les couvertures ou dans un oreiller.

Si le sommeil partagé n’est pas adapté pour toutes les familles, un important corpus d’études sérieuses montre que cette pratique n’augmente absolument pas le risque de MSN lorsqu’on suit « les sept conditions du sommeil partagé en toute sécurité » :

  1. famille de non fumeurs (y compris tabagisme pendant la grossesse),
  2. parents sobres, qui ne consomment pas de produits altérant le niveau d’éveil,
  3. mère qui allaite,
  4. bébé en bonne santé,
  5. bébé couché sur le dos,
  6. bébé peu couvert (éviter qu’il n’ait trop chaud),
  7. la mère et l’enfant partagent un endroit sans objets, sans creux et sans interstices qui pourraient nuire à la respiration de l’enfant.

Quand on observe ces sept conditions, un bébé qui dort avec sa maman ne court pas plus de risque de MSN que s’il est seul dans son berceau.

Certains lits prévus pour les adultes peuvent présenter certains risques : étouffement, suffocation, interstices dangereux. Il est cependant possible de les prévenir. Il est donc préférable de prévoir le partage du lit plutôt que d’y recourir exceptionnellement. Un lit d’adulte adapté à cet effet est plus sûr qu’un canapé ou un fauteuil qui comportent chacun d’inévitables risques d’étouffement.

Une mère qui est épuisée aura la réaction de coucher son enfant dans son lit ; c’est pourquoi LLL suggère à toutes les mères, même si « les sept conditions du sommeil partagé en toute sécurité » ne sont pas réunies, d’aménager leur lit pour en exclure tout risque d’étouffement.

——————————————–

Consultez le document français de l’UNICEF sur la question : Partager un lit avec votre bébé : un guide pour les mères qui allaitent

ou le site internet de LLL France : Sommeil et nuits du bébé allaité

Vous trouverez une analyse détaillée de l’étude Carpenter (2013) dans le livre blanc intitulé :
« SIDS, Risks and Realities : A Response to Recent Findings on Bedsharing and SIDS Risk », par Sarah Ockwell-Smith, Wendy Middlemiss, Tracy Cassels, Helen Stevens et Darcia Narvaez, disponible sur praeclaruspress.com